Lexique anarchiste

  • Cette page est en constante évolution. J’ai tenté de réunir le maximum d’informations possible mais l’anarchisme est une pensée plurielle et complexe qui s’organise autour de plusieurs courants différents. Il manquera toujours des ressources et elle sera probablement toujours incomplète et perfectible.

  • Pour certains sujets je ne suis pas concerné (féminisme, handicap, racisme). C’est pourquoi je préfère citer un maximum de ressources extérieures afin de donner le plus de parole possible aux concerné·e·s. Si vous êtes concerné·e·s par certains sujets, n’hésitez pas à me faire part de vos avis et ressources afin que je les ajoute.

Sommaire

1. Liberté
2. Égalité
3. Entraide
4. Justice sociale
5. Responsabilité


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Les bases

Pour comprendre ce qu’est la pensée anarchiste il faut d’abord réfléchir à ce qu’est une société idéale.
Dans son livre ⤷ Pour une économie libertaire, Frédéric Antonini donne la définition suivante :

 » Une société et une économie dont les structures et le fonctionnement sont tels que cette société et cette économie permettent à tous les individus de pouvoir développer pleinement leurs potentialités afin de pouvoir mener la vie qui leur convient, sans autres limites que celles qui leur sont intrinsèques et celles qui résultent de leur interaction avec leur environnement social, sociétal et écologique. »

Il s’agit en somme de cultiver un bien-être aussi bien individuel que collectif, tant matériel qu’immatériel, et sans rapports de domination ni systèmes d’oppression. Les anarchistes pensent que cet idéal repose donc sur une organisation sociale qui pousse les curseurs de la liberté et de l’égalité au maximum. L’une ne pouvant exister sans l’autre.

« L’anarchisme est porté par cinq grands principes : la liberté ou l’auto-décision, l’égalité, la responsabilité, la coopération sociale ou l’entraide, et la justice sociale. Ces valeurs et principes cardinaux, essence de la pensée et des pratiques anarchistes ne s’opposent pas : ils se fondent les uns sur les autres. La liberté ne peut s’exercer sans responsabilité : la coopération sociale n’est jamais aussi efficace que lorsqu’elle repose sur la liberté et l’égalité ; et la justice sociale est la sève et le fruit des quatre valeurs précédentes. »

En acte, être anarchiste aujourd’hui c’est lutter contre toutes les formes de dominations existantes sans les hiérarchiser et agir partout pour l’émergence d’un cadre social le plus émancipateur et égalitaire possible, qui favorise le bien-être individuel et collectif par la coopération et l’horizontalité des relations.

« Chacun cherche sa route ; nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté et de l’égalité sera arrivé, le genre humain sera heureux. »
Quelques ressources générales :

Documentaire de référence réalisé par Tancrède Ramonet entre 2016 et 2022, « Ni Dieu ni Maître, une histoire de l’anarchisme » raconte l’histoire du mouvement anarchiste, du 19ème siècle à aujourd’hui. Théories, grandes figures du mouvement, luttes, victoires et défaites. C’est probablement l’œuvre la plus complète pour introduire le sujet. Si vous avez le temps (chaque partie dure entre 1h et 1h30), c’est la meilleure façon d’apprendre l’histoire anarchiste.

Liens Peertube :

Partie 1 : La Volupté de la destruction (1840-1914)
Partie 2 : La Mémoire des vaincus (1911-1945)
Partie 3 : Des fleurs et des pavés (1944-1969)
Partie 4 : Les réseaux de la colère (1965-2012)


Liberté

« Contrairement à la conception purement individualiste de la liberté libérale, les anarchistes proposent une définition de la liberté qui n’oppose pas individu et collectif. La liberté étant une question sociale, la liberté des autres est indissociable de la mienne. »
Liberté et anti-autoritarisme

Le concept de liberté dans nos sociétés capitalistes est essentiellement défini par la possibilité de se décharger de la vie matérielle, des tâches de subsistance (nourriture, habitat, énergie, travail domestique, etc) via la domination et l’exploitation des ressources naturelles et humaines (travailleurs manuels, femmes, machines…) et par le biais de l’argent. Dans une société capitaliste, plus on a d’argent, plus on est « libre ». C’est un système prédateur par essence.

La conception de la liberté anarchiste est radicalement différente. Les anarchistes refusent toute forme d’exploitation, de coercition et de domination. Par conséquent, la liberté anarchiste est anti-autoritaire et prône l’autonomie individuelle et collective. Se libérer de nos aliénations subies c’est la « reprise en charge collective et égalitaire des besoins de base, des besognes nécessaires à la vie sur terre. » (Aurélien Berlan).

Références :

« Faire rimer liberté avec prédation est insoutenable. Aucune liberté ne peut passer par l’enchaînement, ni de soi ni d’autrui. »

– Corinne Morel Darleux, Alors nous irons trouver la beauté ailleurs

Abolition de l’état

Les anarchistes souhaitent instaurer une société de femmes et d’hommes libres et égaux, fondée sur l’harmonie des intérêts et sur le concours volontaire de tous et toutes pour mener à bien les tâches sociales. Préalablement, il est donc nécessaire de détruire toute administration politique basée sur la domination et l’autorité. Or l’état est précisément conçu comme une structure de domination, mise en place par les classes bourgeoises pour servir leurs propres intérêts aux dépends de ceux du peuple.

Références :

« L’idéal est de faire échapper la société et les individus qui la composent, à l’emprise de l’État et des institutions en place qui cristallisent, dans une hiérarchie de pouvoirs dont ceux que confère la propriété privée, l’administration d’un ordre politico-religieux. »

Référence :

Abolition de la police

Les anarchistes croient en l’autogestion et l’auto-organisation de leur propre sécurité. La police est la main armée de l’état, et ne sert qu’à appliquer par la violence coercitive et répressive les lois qu’il impose au peuple pour maintenir la domination bourgeoise.

Références :

Pluralisme productif

En anarchisme on refuse le productivisme comme doctrine, pour des raisons sociales comme pour des raisons écologiques. L’injonction à la productivité n’a de sens que pour le monde capitaliste et colonialiste. Pour autant, il faut bien assurer la subsistance du groupe pour vivre en anarchisme. Une certaine forme de production est alors nécessaire, et elle doit être prise en charge par toutes et tous, à hauteur des moyens de chacun·e

Le pluralisme productif c’est l’idée selon laquelle chacun·e est libre de la façon dont il ou elle souhaite contribuer à la subsistance du groupe. Certaines personnes préfèrent travailler en groupes, d’autres seules. Certaines personnes sont avantagées pour les travaux physiques, d’autres pour le travail cognitif. La production est plurielle et il ne doit pas y avoir d’injonction à une seule forme de travail qui serait valorisée aux dépends des autres.

Référence :

Unions sur mesures & liberté relationnelle

L’intime est politique. Historiquement, l’anarchisme considère le mariage et l’injonction à la fidélité comme une situation sexiste d’enfermement et de possession des femmes. C’est pourquoi on considère les unions et relations libres de tout engagement comme un idéal d’émancipation et d’épanouissement à atteindre pour toutes et tous.

Mais qui dit idéal dit obstacles. Et les obstacles sont malheureusement nombreux dans ce cas précis. La réalité des relations humaines c’est qu’on a tous et toutes des besoins affectifs différents, construits par des passés (enfance, éducation, précédentes relations) différents. Les luttes contemporaines ont mis en avant ces problématiques, et l’anarchisme s’en est évidemment emparé, dans sa quête perpétuelle d’émancipation des individus.

Polyamour, anarchie relationnelle, trouple, lesbianisme… il existe tout un tas d’alternatives défendues politiquement par l’anarchisme et plus spécifiquement par l’anarcha-féminisme. Il s’agit de tisser des relations libres de toute chaîne légale, de toute oppression économique ou physique, et de tout préjugé religieux. Pour autant, il ne s’agit pas de bannir définitivement le couple car c’est une structure qui convient encore à beaucoup de personnes. Il s’agit surtout d’ouvrir la porte des possibles relationnels.

Aujourd’hui, l’anarchisme défend des relations choisies librement et en conscience. Conscience de ses propres besoins et limites, conscience des dominations systémiques qui affectent la sphère relationnelle, mais aussi conscience des responsabilités vis à vis des personnes avec qui on relationne, de leurs traumas et de leurs besoins.

Références :

« Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes, sont également libres. La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d’autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes [et femmes] libres qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté. »

– M. Bakounine

Religion

L’anarchisme se fonde sur une vision rationnelle et critique du monde qui vise à émanciper l’individu des dominations et des croyances limitantes qui l’affectent. C’est pourquoi l’anarchisme critique les dogmes et les religions, car iels imposent leurs visions aux individus par la manipulation et la domination. Pour autant, l’anarchisme ne vise pas à éradiquer toute forme de spiritualité ou de croyance car c’est quelque chose qui peut aussi être émancipateur. Une croyance qui n’attente pas à la liberté des individus est acceptable socialement. De plus, il ne s’agira jamais de s’attaquer aux croyant·e·s mais aux structures qui les aliènent.

Anticléricalisme

Au nom de la liberté de conscience individuelle, l’anarchisme s’oppose à toute forme de clergé. C’est à dire à toute forme d’organisation religieuse, et toute forme d’intervention religieuse de ces organisations dans la vie sociale.

Références :

Souveraineté du travail
& Subsistance

En anarchisme, chacun·e est libre de travailler ou pas. Néanmoins, dans un collectif de vie, il faut bien assurer les tâches de subsistance du groupe au quotidien. Alors on estime que cette liberté individuelle du travail doit s’intégrer dans le cadre de la subsistance collective. Une personne valide qui, au nom de sa liberté individuelle refuserait de prendre en charge une partie des tâches de subsistance du groupe dont elle fait partie, agirait en contradiction avec l’idéal d’entraide prôné par l’anarchisme et mettrait en danger le fonctionnement du groupe lui-même.

Références :

Souveraineté individuelle du corps et de l’esprit

Les individus sont souverains de leurs corps et de leurs esprits. Aucune personne, aucune structure, aucune loi ne peut attenter à cette règle implicite de l’anarchisme. Le corps de chacun·e est sa propriété inaliénable en tout point. C’est pourquoi l’anarchisme défend notamment l’avortement, la contraception et la fin de vie choisie. Une société anarchiste doit donc être en mesure de s’organiser pour que ces libertés puissent être exercées si nécessaire.

Municipalisme libertaire

Le municipalisme libertaire est un courant anarchiste développé par Murray Bookchin. Il propose d’autonomiser politiquement les petites communautés (villes et villages) pour faire naître une véritable vie démocratique, libre et émancipatrice.

Références :

Famille nucléaire et famille choisie

L’idéal anarchiste propose une vision de la famille qui s’élargit au delà du simple cadre des liens du sang. Il s’agit d’une part de désacraliser la famille nucléaire qui peut (le verbe est important, ce n’est pas une généralité) représenter un cadre de domination et d’aliénation patriarcale (ex : les enfants considérés comme une propriété sur lesquels on aurait tous les droits), et d’autre part de valoriser les liens librement construits qui peuvent être une source d’émancipation individuelle et collective.

Références :

Frontières
« Ma nation est une toile de lien, vivante et toujours en mouvement. Elle n’est pas cimentée dans des frontières absurdes. »

L’abolition des frontières au sens où l’entendent les anarchistes concerne la volonté de libre circulation de toutes et tous, dans un monde non pas uniformisé, mais toujours organisé autour des différentes cultures et modes de vie de chaque peuple.
Contrairement à la liberté libérale qui ne concerne aujourd’hui que les produits marchants, la liberté de circulation anarchiste s’ouvre à toutes et tous. C’est un appel à la diversité culturelle. Les anarchistes sont profondément contre le repli sur soi et l’enfermement qui mènent à des pratiques réactionnaires et autoritaires. La diversité et la solidarité entre tous les peuples sont la clé du vivre-ensemble.

Référence :


Égalité

« L’égalité est un besoin vital de l’âme humaine. Elle consiste dans la reconnaissance publique, générale, effective, exprimée réellement par les institutions et les mœurs, que la même quantité de respect et d’égards est due à tout être humain, parce que le respect est dû à l’être humain comme tel et n’a pas de degrés. »
Contribution

La contribution représente l’apport de travail que l’individu fournit au groupe auquel il ou elle appartient pour le bon fonctionnement de celui-ci. De par nos différences physiques et nos différences d’âges, la contribution ne peut être la même pour toutes et tous. On parle alors d’équité des contributions. Chacun·e contribue à la hauteur de ses capacités.

L’héritage

L’héritage tel qu’il est en place dans la société capitaliste est un outil de reproduction (et d’amplification) des inégalités économiques et sociales. C’est pourquoi les anarchistes sont très critiques de celui-ci. Abolition ou limitation drastique, les avis sont variés mais les libertaires s’entendent sur le caractère propriétariste et profondément injuste socialement de ce système.

Propriété privée et lucratisme

L’anarchisme propose d’abolir la propriété privée lucrative. C’est à dire la propriété privée qui permet à quelqu’un de vivre en exploitant le travail des autres. On peut donc y inclure la propriété privée de la terre, des logements (voués à la location), des matières premières et des outils de travail.

Références :

Propriété d’usage

Si l’anarchisme s’oppose radicalement à la propriété privée lucrative, il n’est pas pour autant fermé à toute forme de propriété. « La propriété d’usage d’un bien est une forme de propriété légitimée par l’usage de ce bien, plutôt que par la détention d’un titre de propriété marchand. » La propriété d’usage est un terme que l’on peut aussi penser comme synonyme d’autogestion.

Références :

Entreprises collectives

Une entreprise collective est une entreprise gérée horizontalement par les personnes qui la composent. Elle ne possède pas de système hiérarchique.
Le système décisionnaire est organisé selon des principes relevant de la démocratie directe.

Revenu universel ou abolition de l’argent ?

Référence :

Égalité des situations économiques et sociales

« Dans le domaine économique, comme dans tout autre domaine, l’égalité réelle ne doit pas être comprise comme l’absence de différences, ou de diversité, ce qu’elle n’est pas, n’a jamais été pour l’anarchisme, et ne peut pas être.
L’égalité réelle n’est autre que l’équivalence des situations. Elle suppose que les individus, membres d’une société, se regardent comme égaux par-delà les différences de situations. Elle suppose aussi que les écarts de situations soient suffisamment mesurés pour qu’ils ne puissent pas donner lieu à des différences perçues comme des inégalités. » – Frédéric Antonini

Référence :

«La liberté sans l’égalité est libérale et justifie l’exploitation d’un individu par un autre, l’égalité sans liberté est autoritaire et justifie la domination d’un groupe sur un autre.»

La collectivisation des terres nourricières

Pour que la société soit la plus égalitaire possible l’anarchisme propose de collectiviser les moyens qui permettent la subsistance. Personne ne peut donc privatiser la Terre pour son usage exclusif ou lucratif. La culture de la terre est gérée collectivement, et sa production équitablement répartie.

Autogestion & structures

L’anarchisme n’est pas synonyme d’absence de règles ou de structures. Bien au contraire, les anarchistes s’auto-organisent. C’est à dire qu’iels définissent elleux-mêmes leurs propres règles et structures en fonction des besoins des différents groupes sociaux. Les anarchistes n’ont pas de système décisionnaire vertical (qui serait forcément autoritaire) mais fonctionnent de manière horizontale sur la base de systèmes démocratiques comme le consensus ou le mandat impératif. Il a en effet été observé dans différentes expériences de vie libertaires que l’absence de cadre tend à reproduire des systèmes d’oppression et de domination, notamment dans l’organisation du travail domestique.

Références :

Le mutuellisme

Le mutuellisme est une organisation libertaire de la production. C’est un système économique basé sur l’égalité (en acte), la réciprocité et la solidarité.

Références :

Démocratie directe

Il existe plusieurs types de systèmes dits « démocratiques ». Nos états capitalistes se revendiquent pour la plupart de la « démocratie représentative ». C’est à dire un système dans lequel les décisions sont prises par des « représentant.e.s » du peuple. Il existe aussi des systèmes de « démocraties participatives » dans lequel les citoyen.ne.s sont inclu.e.s dans le processus de décision politique mais n’ont pas la possibilité de décider réellement de la façon dont iels veulent vivre.

En anarchisme on considère que ces deux systèmes sont aliénants car ils perpétuent une organisation hiérarchique qui prive le peuple de sa liberté et favorisent l’accroissement des inégalités. On estime donc que ce ne sont pas des systèmes réellement démocratiques.

« La démocratie directe est un régime politique dans lequel les citoyens exercent directement le pouvoir. Appliquée au secteur économique, la démocratie directe est fréquemment nommée autogestion. »

Références :


Entraide

« Ce n’est pas l’amour de mon voisin — que souvent je ne connais pas du tout — qui me pousse à saisir un seau d’eau et à m’élancer vers sa demeure en flammes; c’est un sentiment bien plus large, quoique plus vague : un instinct de solidarité humaine. »
La nécessité de l’entraide

L’entraide est une condition nécessaire au fonctionnement de l’anarchisme. C’est le pivot sur lequel s’appuie tout le reste. Sans entraide il n’y a ni liberté ni égalité, et encore moins de justice sociale. Dans un système social libertaire, chacun et chacune dois pratiquer activement l’entraide, dans la mesure de ses capacités mentales et physiques.

Partage inconditionnel des savoirs

En anarchie il n’y a pas de propriété privé des savoirs. Il n’y a aucune raison de garder pour soi quelque chose de partageable à l’infini, qui participe à l’émancipation et l’autonomie de toutes et tous.

Références :

Autodéfense communautaire

Références :

Prise en charge collective des enfants et des séniors

Une grande partie de l’entraide anarchiste consiste à s’occuper collectivement des plus faibles pour subvenir à leurs besoins sans les déléguer à des institutions étatiques ou privées. Il est donc normal d’accompagner ensemble les plus jeunes en leur construisant un cadre libre et sécurisé qui leur permette de faire leur apprentissage de la vie correctement.
De la même manière, il faut nous occuper collectivement des besoins de nos séniors et leur permettre une fin de vie digne et épanouissante, dans la plus grande liberté possible, au lieu de les laisser s’éteindre dans la solitude des mouroirs que sont les maisons de retraite.

Arpentages

Un arpentage est une méthode d’éducation populaire développée par les ouvriers à la fin du 19ème siècle. C’est une technique de lecture collective qui consiste à découper un livre en plusieurs parties et à distribuer chaque partie à chaque participant.e de l’arpentage. Après avoir lu sa partie, chacun.e résume son contenu aux autres. C’est une façon d’acquérir collectivement du savoir et de débattre de contenus théoriques qui peuvent parfois être difficiles d’accès.

Références :

Culture de l’accueil

L’accueil est une notion importante de l’anarchisme. L’entraide ce n’est pas seulement aider le voisin à planter ses patates. C’est aussi accueillir l’autre lorsqu’iel est dans le besoin. C’est une valeur qui permet l’échange et le développement des liens de solidarité.

Pour autant, l’accueil n’est pas forcément inconditionnel. Pour accueillir correctement il faut avoir les conditions matérielles de le faire, la disponibilité mentale, et l’aval des habitant.e.s du lieu d’accueil. C’est pourquoi, au lieu de voir l’accueil comme une pression, voir une injonction sociale, on préfère inciter chacune et chacun à le pratiquer en toute liberté.


Justice sociale

« Compagnons et compagnes, salut ! Voici : lasses de tant de pleurs et de misères, lasses du cadre permanent et désolant que nous offrent nos malheureux enfants, tendres morceaux de notre cœur, lasses de réclamer et de supplier, d’être le jouet du plaisir de nos infâmes exploiteurs ou de vils époux, nous avons décidé de lever la voix dans le concert social et d’exiger, oui, d’exiger notre part de plaisir au banquet de la vie. »
Droits inconditionnels

Pour que tous les individus puissent développer pleinement leurs potentialités afin de mener la vie qui leur convient, iels doivent jouir des mêmes droits, en acte, afin de pouvoir les exercer. Car des droits sans devoirs sont vides de sens. Chaque être humain à ainsi droit au logement, à l’alimentation, à la santé, à l’éducation et à la justice. Et il est du devoir d’une société anarchiste de fournir et de maintenir les structures qui permettent l’exercice de ces droits à toutes et tous de manière inconditionnelle.

justice restaurative

« La justice restaurative considère le crime comme une atteinte à une personne et à des liens sociaux – à la différence de la justice pénale qui le considère comme une atteinte au droit et, dans une moindre mesure, à une personne. Outre la reconnaissance de sa responsabilité par l’auteur·e, la justice restaurative vise à ce que la victime obtienne réparation (c’est pourquoi on parle parfois de “justice réparatrice”) et à “restaurer” les liens sociaux. « 

Références :

Décolonialisme / Anticolonialisme

La colonisation est un processus domination culturelle, sociale et économique d’un peuple sur un autre, par la force ou la coercition afin d’en exploiter entre autres la force de travail pour son propre bénéfice. L’anarchisme est donc radicalement anti-colonialiste et décolonialiste.

Références :

Luttes LGBTQIA+

Étant par essence un mouvement d’émancipation des individus, l’anarchisme milite évidemment pour la pleine et entière liberté de toute les expressions de genre, de sexe et d’orientation sexuelle.

« L’anarchisme queer (ou anarqueer ou anarcha-queer) est une école de pensée anarchiste qui défend l’anarchisme et la révolution sociale comme un moyen de libération queer, avec l’abolition des LGBTI-phobies, de l’hétérosexisme, du cissexisme et du patriarcat. Les anarchistes LGBT qui se sont battus pour les droits LGBT à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des mouvements anarchistes LGBTI comprennent Lucía Sánchez Saornil, John Henry Mackay, Adolf Brand ou encore Daniel Guérin« 

Référence :

Intersectionnalité des luttes

« L’intersectionnalité est une théorie transdisciplinaire et un outil d’analyse qui permet d’étudier les identités sociales et la manière avec laquelle elles se construisent et interviennent dans l’accès aux droits et aux opportunités. Elle se base sur l’idée selon laquelle toutes les catégories sociales (sexe, genre, classe sociale, ethnicité, âge, le handicap ou l’orientation sexuelle) se chevauchent et interagissent de manières simultanées pour produire, organiser et maintenir les inégalités sociales. »

En intégrant l’intersectionnalité comme fait social prouvé, on comprends que les luttes ne peuvent être qu’intersectionnelles pour être efficaces. Il n’y a pas de lutte écologiste possible sans luttes sociales, autant qu’il n’y a pas de luttes féministes sans luttes antiracistes.

Références :

Luttes contre toutes les formes d’oppression et de discrimination

L’anarchisme combat tous les systèmes d’oppression et de discrimination qui empêchent les individus de déployer toute l’étendue de la liberté qui leur est due. L’anarchisme est intersectionnel, il est donc à la fois antiraciste, antifasciste, antisexiste, antipatriarcal, antivalidiste, écologiste et antispéciste. On peut ajouter à cette liste tous les combats contre les systèmes et structures qui limitent les libertés sociales et individuelles.

« Toute l’histoire des progrès de la liberté humaine démontre que chacune des concessions qui ont été faites à ses nobles revendications ont été conquises de haute lutte. Là où il n’y a pas de lutte, il n’y a pas de progrès. Ceux qui professent vouloir la liberté mais refusent l’activisme sont des gens qui veulent la récolte sans le labour de la terre, la pluie sans le tonnerre et les éclairs: ils voudraient l’océan, mais sans le grondement terrible de toutes ses eaux. »

– Frederick Douglass

anticarcéralisme

Références :


Responsabilité

« Si les hommes [et femmes] avaient des sentiments d’équité profondément développés, ils n’opprimeraient pas d’autres hommes [et femmes]. Les politiciens ne trahiraient pas leurs électeurs ; le parlement ne serait pas une boîte où l’on jacasse et où l’on fraude. »
Le self-care : prendre soin de soi pour prendre soin des autres

L’anarchisme propose un cadre économique et social qui met supprime la répression, la coercition et toutes les formes d’incarcération. En proposant l’entraide comme outil principal de vie collective, une société libertaire est bien plus dépendante de la bonne volonté des individus qui la composent. Bien plus qu’ailleurs, Il est donc capital en anarchisme de prendre soin de son équilibre physique et mental du mieux que l’on peut pour ne pas pénaliser le groupe dans son entier. Évidemment ce n’est ni une obligation ni un appel au validisme, mais une responsabilité individuelle au nom du bien être collectif.
Prendre soin de sa santé mentale c’est prendre soin du collectif.

La compersion, sociale et individuelle

La compersion est un mot qui décrit la sensation de joie que l’on éprouve par le bonheur d’autrui. C’est une forme d’empathie spécifiquement adressée à la joie. En anarchisme, travailler sa compersion vise à atteindre plusieurs objectifs :

  • Déconstruire le sentiment de jalousie qui est destructeur pour les relations sociales. La compersion aide à éradiquer nos pulsions de contrôle et de domination des autres. Cultiver sa compersion c’est ouvrir la porte avec joie à la liberté d’autrui.
  • Trouver de la joie dans le fait de se mettre en retrait socialement pour laisser de la place aux personnes moins privilégiées que soi. Si l’on est quelqu’un de privilégié (par exemple un homme cis het blanc), ça revient à volontairement laisser de la place aux personnes minorisées à ses propres dépends : se mettre en retrait, prendre moins d’espace, et être heureux.se de voir ces personnes s’épanouir dans cet espace.
Révolution constante

Le principe de révolution constante est une idée qui consiste à ne jamais rester sur ses acquis afin d’être dans un état d’apprentissage et d’amélioration permanent.e. C’est un principe qui vise à éviter le traditionalisme et les dérives réactionnaires dans une structure sociale ou à l’échelle individuelle.

A l’échelle collective, Il s’agit de questionner et refaçonner autant de fois qu’il le faut les organisations, postures, comportements et actions dans un groupe social donné afin d’améliorer en permanence son fonctionnement pour qu’il permette toujours plus de liberté et d’égalité aux membres de ce même groupe social.

A l’échelle individuelle, il s’agit de questionner nos propres comportements et de nous remettre en question le plus souvent possible afin de permettre à notre entourage d’apprécier notre compagnie plutôt que de la subir. Concrètement : reconnaître et questionner l’impact de nos privilèges sur les personnes minorisées est une partie du travail.

Cette page même fait l’objet d’une amélioration permanente et ne vise pas à détenir une vérité absolue et incontestable. Tout évolue, progresse, et doit changer en conséquence.

« Il faut chercher âprement la vérité, trouver le devoir personnel, apprendre à se connaître soi-même, faire continuellement sa propre éducation, se conduire en respectant les droits et les intérêts des camarades. Alors seulement on devient réellement moral, on naît au sentiment de responsabilité. La morale n’est pas un ordre auquel on se soumet, une parole que l’on répète, une chose purement extérieure à l’individu ; elle devient une partie de l’être, un produit même de la vie. C’est ainsi que nous comprenons la morale, nous, anarchistes.»

– Elisée Reclus – Les Temps nouveaux, 1900

écologie radicale

En pensant l’anarchisme comme la libération de toutes et tous et la destruction de tous les systèmes d’aliénation et de domination, on refuse forcément la surexploitation de la nature pour son profit personnel, on refuse la mise à mort des animaux, et l’on protège la vie partout ou elle existe. Un.e anarchiste refuse que sa vie se fonde sur la mort de l’autre. Iel refuse l’exploitation de tous les autres êtres vivants, et participe donc à leur protection. Un.e anarchiste est donc écologiste par nature.

Elisée Reclus était un anarchiste et l’un des précurseurs de l’écologisme. Dès les années 1860 il alerte sur la destruction méthodique de l’environnement menée par l’espère humaine.

« Une harmonie secrète s’établit entre la Terre et les peuples qu’elle nourrit, et quand les sociétés imprudentes se permettent de porter la main sur ce qui fait la beauté de leur domaine, elle finissent toujours par s’en repentir. Là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort.»

– Elisée Reclus – La Terre, Description des phénomènes
de la vie du globe, 1869

Actions en conscience

Penser ses actions en conscience c’est peser les conséquences de chacun de ses actes. En anarchisme il y a peu ou pas d’instances administratives ou de contrôle. L’individu.e.s est bien plus responsable du bien être de la collectivité qu’iel ne l’est dans une société capitaliste autoritaire ou iel déléguerais à l’aide d’argent et de manière inconsidérée à d’autres les rôles qu’iel ne souhaite pas endosser (tâches de subsistance, participation aux chantiers, aide aux personnes vulnérables, etc).

En conséquence de quoi, ses actes pèsent d’autant plus dans le bien être collectif d’une société libertaire. l’Anarchisme fonctionne en grande partie grâce à l’autonomie des individu.e.s. Et qui dit autonomie dit responsabilité individuelle.

Culture de l’esprit critique
« La pensée critique partagée est la première forme de résistance»

– Monique Pinçon-Charlot (via Vivi)

Si l’éducation populaire est au cœur du système d’apprentissage anarchiste, alors il est du devoir du collectif de cultiver une forme d’esprit critique afin de préserver au maximum le groupe des fausses informations qui pourraient lui nuire.

En anarchisme il n’y a pas d’autorité des savoirs qui impose la vérité. La méthode scientifique est un système d’apprentissage qui doit alors être généralisé à toutes et tous afin d’éviter les erreurs collectives. Le partage des savoirs oblige à une responsabilité individuelle de toutes et tous quand à la véracité de ces savoirs.

De manière générale on incite les membres d’une communauté libertaire à être curieux.se.s des travaux sociologiques, scientifiques et philosophiques afin d’être dans une posture permanente d’amélioration, et d’en faire profiter les autres.

Volontarisme

La pratique anarchiste est émancipatrice. Mais en nous libérant de l’esclavage et des oppressions elle nous confronte à nous-mêmes : nous sommes collectivement responsables de l’organisation sociale. Nous ne sommes plus esclaves mais ce faisant nous ne pouvons pas non plus déléguer toutes les tâches de subsistances à d’autres via un système monétaire ou divers systèmes d’exploitation. En anarchisme, chacun et chacune est donc responsable du bon fonctionnement de l’ensemble du groupe. C’est une organisation sociale qui requiert donc une plus grande implication de toutes et tous dans la vie collective.

Adelphité

L’adelphité est un terme qui permet d’exprimer de manière neutre un lien de parenté entre plusieurs personnes. Il s’utilise de la même manière que fraternité ou sororité mais englobe tout le monde sans spécificité de genre.

Le principe d’adelphité en anarchisme c’est l’idée de considérer l’autre comme faisant partie de sa propre famille, indépendamment de son genre, sexe, âge ou de la couleur de sa peau. C’est une invitation à ouvrir sa sensibilité et son empathie à d’autres personnes que sa famille ou ses ami.e.s. C’est prôner une culture de l’altruisme inconditionnel qui puisse permettre de tisser des liens forts en dehors de la famille nucléaire.

Culture de la solidarité et de la réciprocité

Le principe de réciprocité en anarchisme consiste à penser qu’un groupe social sera perenne si chacun.e y met du sien et que les tâches sont équitablement réparties. Si certain.e.s ne font que recevoir tandis que d’autres ne font que donner, l’équilibre ne fonctionne pas et la confiance sociale s’effondre, comme c’est actuellement cas dans nos sociétés capitalistes.

Il est donc important de cultiver un esprit de solidarité et de réciprocité dans toutes les structures sociales libertaires afin que celles-ci soient accueillantes, pérennes, et libres de toute forme d’exploitation.

Tissage libertaire – CC